Après la Première Guerre mondiale, Paris connaît une crise du logement. L’exode rural et le développement industriel de la capitale en sont la cause. L’amélioration des salaires avec la reprise économique, les logements parisiens trop rares et souvent vétustes, les journées de travail raccourcies à huit heures, l’amélioration des transports ferroviaires vers la « campagne » en périphérie de la grande ville, le désir des anciens ruraux de posséder un « bout de terre »… Tous ces facteurs encouragent les travailleurs parisiens à s’éloigner de la capitale. La législation concernant l’urbanisme est alors peu développée, la réglementation de la construction pas très contraignante. Des sociétés immobilières saisissent l’opportunité et acquièrent les terres des grandes propriétés pour les proposer en parcelles à lotir. Des sociétés mutuelles d’épargne se mettent en place. Intermédiaires entre les sociétés immobilières et les particuliers, elles louent les terrains par lotissements et offrent aux acheteurs des facilités de paiement par le moyen d’une location-vente. La vente du terrain est effective quand le sociétaire a réglé toutes ses cotisations à la société d’épargne. A ce moment, le nouveau propriétaire a souvent déjà construit sa maison sur le terrain. Ces nouveaux acquéreurs n’ont pas de gros moyens. Employés, ouvriers, ils ont des revenus modestes et l’achat du terrain grève déjà lourdement leur budget. Beaucoup bâtissent eux-mêmes leur habitation. Le terrain est tout de suite équipé d’une cabane de jardin et cultivé en potager. Faire pousser ses propres légumes est à la fois un plaisir et une économie pour ces Parisiens qui viennent chaque dimanche prendre l’air et commencer les travaux de l’habitation principale. Souvent très simple, comme en témoignent les premières déclarations de travaux, celle-ci s’agrandira au fur et à mesure des besoins et des moyens. Lorsque la famille s’installe enfin, le confort est souvent rudimentaire. Les rues ne sont pas empierrées, pas de gaz, d’électricité, ni même d’eau, il faut aller au puits. Ces nouveaux « banlieusards », comme on commence à les appeler sont également surnommés les « mal-lotis », mais aucun ne regrette les efforts consentis pour être enfin « chez soi ».